Louise Ebel. Miss Pandora. Deuxième arcane majeure du Tarot de Marseille

Le bateleur annonce la commencement du tarot. La lame qui suit, la papesse représente la connaissance. Elle s’efface par rapport à la première lame, son côté intellectuelle est beaucoup plus présent. Elle est aussi mystérieuse que ravissante et ce qui la caractérise vraiment c’est le livre qu’elle tient. Elle trouve dans les livres les connaissances dont elle a besoin, elle est une grande observatrice et se retrouve rapidement isolée.

Un petit texte de Louise sur le personnage des Liseuses :

Au XIXème siècle, la littérature permet à la femme d’échapper à son appartenance à la sphère privée, celle de la maison et du cercle familial, pour rêver de destins fabuleux. Cependant, comme chaque loisir féminin ou presque, la lecture alarme vite les hygiénistes. Selon eux, lire exacerbe la sentimentalité  et la sensualité féminine, ces menaces toujours prêtes à exploser. On frôle l’hystérie, maladie utérine par excellence. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que les peintres représentent leurs liseuses à demi dévêtues (voir carrément nues ), dans une tension presque charnelle. De même que la femme écrivain n’est pas prise au sérieux, la femme qui lit n’est rien de plus qu’une « liseuse ». A croire que le titre de lecteur est réservé aux hommes, tout comme le génie, demandez-donc à Barbey d’Aurevilly son opinion sur le sujet ! Mais lire,  c’est aussi risquer de perturber la conscience morale. Le contre-modèle est Emma Bovary, pour qui  l’imaginaire des romans finit par supplanter le réel. Lire des romans donne des idées, et au XIXème, il vaut mieux ne pas en avoir quand on est une femme. Pour certains religieux ou hygiénistes, comme Alexandre Parent-Duchâtelet, il est préférable de s’abstenir afin de préserver santé et morale. Ce n’est donc pas par hasard si j’ai ici choisi de « lire » des gravures plutôt que des textes.