Louise Ebel/ MissPandora. Robe Maria Lucia Hohan.

Depuis que nous avons commencé ce projet des Arcanes, nous avons voulu donner des parts de nous dans certaines lames. Certains les appelleront des totems car ces arcanes représentent tout ce qui peut nous représenter. L’arcane de la tempérance est la mienne, j’ai voulu y développer dans la signification de nos images la relation entre Louise et moi. Ici, l’amoureux est celle de Louise. Dans le tarot l’amoureux n’est pas forcément la carte de l’amour comme pourrait l’indiquer son nom mais avant tout celle du choix et de l’union.

Louise :  L’Amoureux étant mon arcane majeure, il me fallait une série de photos très personnelle. L’idée de shooter sur les falaises normandes est venue très vite, de même que la volonté d’une aura dramatique pareille à celle de l’héroïne du pays de Caux, Emma Bovary. Ces photos, c’est l’autre moi que ce blog ne montre jamais. En Vierge de base, ma personnalité est faite d’opposés, d’un extrême à l’autre sans jamais passer par l’apaisante neutralité.
Comme Emma, j’ai toujours été plongé dans mes rêves, ce n’est pas la faute des romans mais d’une vite intérieure trop bouillonnante. Je fais partie de ces gens toujours dans la lune, si intériorisés qu’ils en sont presque fades à l’extérieur, aussi je suis souvent perçue comme bizarre ou transparente. Et pourtant, sous ces aspects placides, j’ai toujours été animée de passions violentes, et guidée par une forte impétuosité, légèrement teintée de pulsions autodestructrices. La catharsis est une necessité, qui m’aide à controler le trop-plein et le spleen, en noircissant chaque jour des pages et des pages de pensées abstraites.
La tempérance est venue avec le temps, comme une obligation morale et sociale. J’ai appris à contrôler mon agressivité, mes choix désastreux et mes nuits blanches. Sans même le remarquer, je suis devenue sage et ai poliment contenu mes passions d’un autre siècle. Restent l’angoisse et la mélancolie, que j’essaie de sublimer par la photographie. Alors, le temps d’une séance, je me plait à exprimer ce moi intérieur si théâtral, fragile d’apparence mais fort sous sa carapace.